L’arobase, ce petit caractère en forme de spirale, est bien plus qu’un simple symbole utilisé dans les adresses e-mail. Son origine remonte à plusieurs siècles, bien avant l’ère numérique. Utilisé par les commerçants espagnols au XVIe siècle, il représentait alors une unité de mesure appelée ‘arroba’, équivalente à environ 11,5 kilogrammes.
Avec l’avènement de l’informatique, l’arobase a trouvé une nouvelle vie grâce à Ray Tomlinson, l’inventeur du courrier électronique. En 1971, cherchant un moyen de séparer le nom de l’utilisateur de celui du serveur, il choisit ce signe pour sa rareté et sa neutralité. Aujourd’hui, l’arobase est devenu un symbole universel de connexion et de communication.
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Le signe “@” : un héritage de l’Antiquité
L’origine de l’arobase plonge ses racines dans l’Antiquité. Selon certaines hypothèses, les premières traces de ce symbole apparaissent dès le VIe siècle. Des moines copistes, cherchant à économiser du temps et de l’espace dans les manuscrits, auraient créé l’arobase comme une ligature du mot latin ‘ad’, signifiant ‘à’ ou ‘vers’. Ce procédé permettait de simplifier l’écriture, une pratique courante dans les scriptoriums de l’époque.
Au Moyen Âge, l’arobase continue d’évoluer. On trouve des mentions de ce symbole dans divers documents, dont l’Acte du prévôt d’Ornans daté de 1391. C’est à partir du XIVe siècle que l’arobase commence à être utilisé de manière plus systématique. La Chronique de Constantin Manassès, conservée à la Bibliothèque apostolique du Vatican, en est un exemple notable. Dans ce texte de 1345, l’arobase apparaît pour relier des éléments textuels, témoignant de son usage déjà bien établi.
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L’utilisation de l’arobase ne se limite pas aux manuscrits laïcs. Dans les textes religieux, le symbole est employé pour abréger des termes liturgiques tels que ‘Amen’. Cette pratique montre que l’arobase a une fonction polyvalente, s’adaptant aux besoins spécifiques de différents contextes scripturaux. Considérez que ce symbole est ainsi profondément ancré dans les pratiques d’écriture bien avant de devenir l’icône numérique que nous connaissons aujourd’hui.
Le passage au monde de l’économie et du commerce
À partir du XVe siècle, l’arobase s’impose dans les écrits commerciaux en Italie et en Espagne. Les négociants l’utilisent pour indiquer les prix unitaires de marchandises. En Espagne, le terme ‘arroba’, dérivé de l’arabe al-rub signifiant ‘le quart’, désigne une unité de mesure de poids et de contenance. Ce terme est officialisé par l’Académie royale espagnole dès le XVIe siècle.
La forme de l’arobase se stabilise au XVIIIe siècle en Angleterre. Les marchands britanniques adoptent ce symbole dans leurs documents comptables, renforçant ainsi sa place dans le commerce et la comptabilité. Cette période marque une standardisation qui facilitera son intégration future dans les systèmes de communication modernes.
Le passage de l’arobase au monde de l’économie témoigne de son utilité pratique. La capacité du symbole à représenter des concepts complexes de manière concise en fait un outil précieux pour les commerçants et les comptables. Considérez que ce rôle économique établit les bases de son adoption universelle à l’ère numérique. L’arobase traverse les époques et les continents, s’adaptant aux besoins des utilisateurs, et devient ainsi un symbole polyvalent et omniprésent.
L’arobase à l’ère de la communication moderne
L’arobase fait son entrée dans l’ère numérique grâce à Ray Tomlinson, ingénieur américain. En 1971, il choisit ce symbole pour séparer le nom de l’utilisateur et le domaine dans les adresses de courrier électronique. Son choix s’explique par la rareté de l’arobase dans les noms propres, évitant ainsi les confusions. Cette décision marque un tournant décisif : l’arobase devient un élément central de l’Internet.
Les claviers de machines à écrire et d’ordinateurs intègrent rapidement ce symbole pour répondre aux besoins croissants de la communication électronique. Les typographes français, qui connaissaient l’arobase depuis le XVIIIe siècle, l’adoptent sans difficulté. L’arobase traverse ainsi les époques et les technologies, se transformant en un outil incontournable dans la communication moderne.
À l’ère des réseaux sociaux, l’arobase se réinvente encore. Sur des plateformes telles que Twitter et Instagram, il est utilisé pour mentionner des utilisateurs, créant des liens directs et interpersonnels. Cette utilisation renforce l’idée de connexion et de réseau, soulignant la polyvalence du symbole. Des réseaux plus anciens comme Caramail avaient déjà intégré l’arobase, démontrant sa flexibilité et son adaptation aux nouvelles formes de communication.
Marc Smith, paléographe à l’École des chartes, étudie l’histoire de l’arobase, mettant en lumière son évolution et son impact sur nos modes de communication. Son travail souligne l’importance de ce symbole, du commerce médiéval aux interactions numériques, en passant par les claviers de nos appareils modernes.